carnivore ou végétarien?

-Cela ne me regarde peut-être pas et tu as le droit de ne pas me répondre mais...tu le cherches parce que tu veux te venger de ce qu'il a fait de toi, ou plutôt parce que tu l'aimes toujours?
-Oh non je ne cherche pas à me venger, je l'aime encore, surtout lorsque l'on devient vampire l'amour, la soif etc devient plus fort qu'avant...

Après tout c'est vrai, il me manquait et je l'aimais beaucoup plus qu'avant ma transformation même s'il n'était pas là. Comme je sais, lorsqu'on aime vraiment on ne peut pas tourner le dos... Hélas... Ma congénère ne parlait plus mais ce silence ne me dérangeait pas, je l'avais côtoyé depuis de nombreuses années, tellement qu'il était apaisant pour moi, oui se dévoiler n'est pas toujours évident...

-Ce que je t'ai dit sur Manfred et moi n'était que la partie la plus...récente et calme de ma vie, mais j'ai vécue d'autres choses avant.

Maëllys s'arrêta un instant puis repris, son histoire était aussi triste que la mienne sauf que lui son créateur était mort, mais elle n'était pas comme moi, sûrement plus forte, ça se lisait dans son regard, dans son assurance à parler. Je repensais à ce que je lui avais dit précédemment, ce n'était pas si malheureux que cela. Ma famille me manquait mais beaucoup moins que Valérian, j'aimerai tant le retrouver mais j'étais presque sûre qu'il ne viendrait jamais dans un endroit comme cela... Alors que je réfléchissais à ce que j'allais lui répondre j'ajoutais :

-Oh ! Je comprend, cela n'est jamais facile de perdre ceux qu'on aime, tu en as perdu plus que moi, ta famille, ton créateur alors que moi il est toujours là, même si... s'il m'évite. Enfin peut-être qu'il ne se dérobe pas mais que je ne me trouve jamais sur son chemin, je ne sais pas. En tout cas sache que je suis désolée pour toi, même si cela paraît pathétique par rapport à ceux que nous et nos semblables ont vécue par rapport aux autres mortels...

Je ne voulais pas la blesser, pas du tout, cela faisait si longtemps que je n'avais pas parlé avec quelqu'un d'intelligent et elle me semblait sympathique et accueillante, pas comme ces pauvres humains si pathétiques...

-Oh ! Je comprend, cela n'est jamais facile
de perdre ceux qu'on aime, tu en as perdu plus que moi, ta famille, ton
créateur alors que moi il est toujours là, même si... s'il m'évite.
Enfin peut-être qu'il ne se dérobe pas mais que je ne me trouve jamais
sur son chemin, je ne sais pas. En tout cas sache que je suis désolée
pour toi, même si cela paraît pathétique par rapport à ceux que nous et
nos semblables ont vécue par rapport aux autres mortels...

-Merci...

Je restais un moment plongée dans mes pensées: Tout ces êtres humains que j'avais tués... J'avais une raison, une bonne raison même et puis, ce n'était que des inférieurs stupides. Mais des inférieurs qui avaient réussi à me voler tout ce que j'aimais. Il ne me reste plus que Manfred, et il va partir... Qu'est ce que je vais faire? Retourner à la vie sauvage? Peut-être, ça serait beaucoup plus simple... Mais ça m'ennuierait quand même de perdre ma lucidité. Retourner à de l'instinct pur, c'est se rabaisser au rang d'animaux. Animaux puissants, certes, mais animaux quand même...
"Retourne à l'état sauvage, deviens forte et tue tous ces êtres inférieurs! Tous! Ils t'ont tellement pris, leurs sangs n'a pas encore lavés le tiens! Venge toi..."

Non! Tais-toi! Je ne veux pas! Je suis au dessus de tout ça! Je t'ai vaincu!!

"Crois tu..."

Comme pour me montrer son pouvoir, il se mit à grandir en moi, et je senti peu à peu un étau enserrer mon crâne, jusqu'à me le broyer. J'avais à peine conscience de mon environnement. Déjà, je savais que mes canines avaient poussées, que mes yeux étaient rouges sang, que mes ongles s'étaient transformés en lames aiguisées. Une soif effroyable de sang s'empara de moi, et je luttais pour ne pas me soumettre, pour ne pas lui obéir. Je senti le tapis sous mes jambes et devinais que j'étais tombée à genoux. Je tenais ma tête entre mes mains, comme pour le faire partir, qu'il puisse enfin me laisser tranquille mais je savais pertinemment qu'il resterait, et cela jusqu'à ma fin. Autrement dit, il serait toujours là. Des larmes coulaient de mes yeux et je me mis à hurler le nom de mon ami, du seul qui savait quoi faire. J'hurlais, encore et toujours. J'avais la vague conscience qu'Elrina était près de moi. Elle devait surement être surprise. Je l'entendais encore ricaner dans ma tête, me répétant comme une litanie que je ne pouvais rien faire contre lui.
Alors que j'étais sur le point de céder, je sentis une main familière sur mon épaule. Je reconnue Manfred, qui me prenait dans ses bras. Aussitôt, je me calmai. Seul lui arrivait à me maîtriser dans ces moments là. Doucement, à contre-cœur, il s'en alla, vaincu par les paroles rassurantes que Manfred chuchotait à mon oreille. Quelques secondes plus tard, je m'étais reprise. Je remerciait mon ami, qui repartit naturellement, comme si rien ne s'était passé. Je me réinstalla sur mon fauteuil et affronta du regard Elrina. Je devinais que pour le coup, j'avais vraiment aiguisé sa curiosité.

Maëllys semblait en profond combat intérieur. Peut-être était-elle un peu schizophrène après tout ? Alors que j'allais de nouveau parler pour tapir le blanc de la conversation je pus l'apercevoir tomber à genoux sur le tapis, la tête entre les mains comme si un titanesque mal de crâne l'avait envahit d'un seul coup. Ses canines ressortaient et ses yeux avaient la couleur du sang chaud. Me posant pas mal de question je lui demandais si elle allait bien, question banal je l'accorde mais tant pis, pas de réponse... Que se passait-il donc ?
Manfred fit son apparition après quelques interminables secondes et prit la jeune femme entre ses bras. Il lui murmurait des mots gentils qui avaient l'air de l'apaiser, d'apaiser la chose qui se trouvait en elle. Ce Manfred et Maëllys semblaient vraiment très intimes tous les deux, un peu comme s'il eut été son père ou un bon ami de la famille, enfin quelque chose comme ça... Ce que je n'avais pas, de plus moi m'attacher à un humain ? Impossible ! Ou alors s'il y en avait un plus intelligent, je pourrais peut-être... Non ! Je chassais mes idées bizarres de ma cervelle pour essayer de reprendre la conversation car Maëllys venait de se rasseoir dans son fauteuil pour m'affronter du regard. Il est vraiment que j'étais curieuse de savoir ce qui c'était passé mais ne voulant pas paraître impoli je lui demandais si tout allait bien et ce qui lui était arrivé ?

-Si ce n'est pas indiscret, bien entendu... dis-je après un moment d'hésitation, après tout si elle ne voulait pas répondre à mes questions elle en avait le droit, j'étais chez elle et je n'avais pas à m'imposer ainsi qu'à lui poser tout un tas de questions...